Arrivée dans un monde en ruines

Darion continuait son périple sur les eaux de Grandline. Le fantôme du colonel Bran continuait de le hanter et la nuit, les cauchemars le ramenaient toujours à ce jour tragique et il revivait mille et mille fois la succession d'événement qui l'avait opposé au militaire et qui s'était terminé par la mort de ce dernier. Malgré le traumatisme, le vagabond avait décidé de ne pas s'abandonner au remord et d'aller de l'avant. Coûte que coûte, il continuerait de se battre pour son idéal de justice. Sa lutte contre le gouvernement avait pris un violent tournant et le jeune homme se doutait bien que la situation n'allait pas aller en s'améliorant, surtout qu'il pouvait maintenant être considéré comme un meurtrier.
Depuis que son combat contre le colonel Bran s'était achevé, le conseil des cinq étoiles n'avait pas encore réagi, du moins par la voie officielle et sa tête n'avait pas été mise à prix par les hautes instances dirigeantes.
L'ancien vice-amiral devait s'avouer que ce manque de réactivité l'inquiétait, il était fort possible que les politiques qui régnaient en maître sur le monde connu décide de lui envoyer des assassins plutôt que de chercher à le faire arrêter. La prudence devenait de mise et le déserteur allait devoir vivre en regardant à chaque instant par dessus son épaule pour vérifier si personne ne s'apprêterait à lui planter un poignard dans le dos. La peur et la tension, voilà des sensations que Darion aurait préféré ne pas connaître. Surtout que chaque jours, il voyait ses provisions en nourriture et en eau diminuer ; son budget aussi n'allait pas en s'améliorant et bientôt, il devrait, à nouveau, se soucier de trouver des vivres pour continuer son périple.

Assez rare était les personnes qui pouvaient affronter et survivre à de telles conditions de vie surtout en faisant face seul. Darion ne tenait d'ailleurs le coup que grâce à l'idée fixe qui brûlait en lui : faire éclater la vérité sur tous les actes du gouvernement mondial. Seule cette obsession lui permettait d'affronter les danger, les difficultés et les privations qu'il rencontrait chaque jour.

Après plusieurs jours de traversée, un nouveau plan de rencontre pour entrer en contact avec l'amiral Ao Kiji germa dans son esprit. Le plus puissant élément de l'état major ne se déplaçait que très rarement et pour le vagabond, il était hors de question de pénétrer le quartier général de la marine, même déguisé.
Sa première idée d'attendre sa cible à proximité des portes d'Enias Lobby s'était révélé être un fiasco complet et un homme avait payé cette erreur de sa vie. Darion se reprochait toujours la mort du colonel Bran même si à chaque fois qu'il revoyait la scène dans son esprit, il voyait mal comment il aurait pu épargner le militaire. Désormais, il avait fait du meurtre l'une des raisons essentielles à la continuation de son combat, il ne pouvait se résoudre à avoir enfreint l'une de ses règles les plus sacrées pour rien.

Son nouveau plan prévoyait de rechercher une personnalité de la marine suffisamment haut gradé pour avoir accès aux informations sur les déplacements de l'homme réfrigérateur. Malheureusement, le statut particulier et le comportement tout aussi spécial de l'amiral faisait que rare était les personnes pouvant le contrôler surtout qu'il avait acquis au fil des années, une réputation de franc-tireur et seul les plus hautes autorités de la marine pouvait influencer ses choix et ses mouvements.

*Le conseil des cinq étoiles et l'amiral Sengoku.* Résuma pour lui même le vagabond.

Pour Darion, approcher ces personnalité était absolument déconseillé vu qu'elles étaient les responsables du massacre sur l'île d'O'hara et de combien d'autres disparitions encore ? C'étaient eux qui avaient anéanti la confiance du jeune homme en son métier et qui l'avait indirectement poussé à la révolte.

*Avec un peu de chance, beaucoup de chance, * rectifia l'ancien militaire, * un vice-amiral pourrait avoir des informations intéressantes…*
Le nouveau plan de Darion comportait des failles énormes, il le savait comme il connaissait les risques sous-entendus par une rencontre entre lui et l'un de ces haut gradé et la probabilité qu'ils aient l'information qui l'intéressait était assez faible. Qui plus est, la plupart des officiers de ce grade stationnait au quartier général en attendant l'ordre de se mettre en mouvement. Pour le vagabond, ce n'était ni plus ni moins que se jeter dans la gueule du loup sans aucun espoir d'en sortir un jour.

Après réflexion, le déserteur en conclu qu'il ne voyait qu'un seul homme auprès duquel se renseigner : le vice amiral Roa Prague, un vétéran de la marine qui avait obtenu, après des années de bons et loyaux services, le droit d'installer un quartier général dans le royaume d'Alabasta.

*Le problème, * pensait Darion, *c'est que Roa n'est pas connu pour sa diplomatie, je me demande bien si en me voyant arriver, il me laissera le temps de m'exprimer.. Enfin, je n'ai pas vraiment le choix non plus, ce n'est pas en me tournant les pouces en attendant un miracle que j'obtiendrais un rendez-vous avec ce cher mister Ao Kiji. *

Il se dirigea alors vers l'un des deux coffres de son radeau et en ouvrir un. Il plongea ses mains à l'intérieur et en ressortit ses économies. Devant ce qui lui restait, le vagabond fit la grimace. Il allait bientôt devoir se concentrer sur une rentrée d'argent s'il voulait continuer à vivre correctement :

*On dirait bien que je vais connaître une nouvelle période de vaches maigres. *

Ce triste constat et la faible probabilité de réussite de sa mission n'entamèrent en rien la décision de Darion.
Lorsque l'oiseau apportant le courrier se présenta, après avoir acheté le journal, il lui confia sa demande d'un eternal pose pour le royaume d'Alabasta et deux jours plus tard il recevait le colis. Après l'avoir sorti de son emballage, il vérifia sa position et réorienta son embarcation vers la direction pointé par l'instrument de navigation avant de mettre les voiles vers sa nouvelle destination.

Quelques temps plus tard, il arriva en vue du pays des Nefertari. Une étendue jaune à perte de vue, voilà ce que distinguait Darion de là ou il était. Le sable du désert était omniprésent. L'ancien vice-amiral échoua son embarcation et partit à la découverte du royaume non sans avoir caché son radeau et trouvé quelque points de repère pour le retrouver par la suite.
N'étant encore jamais venu, il ne connaissait pas bien la géographie des lieux aussi allait-il avoir besoin de questionner les habitants du coin pour trouver le quartier général du vice-amiral qu'il recherchait.
Afin de trouver les premières traces de civilisation, le vagabond se mit à longer la côte se doutant bien qu'au bout d'un moment, il tomberait sur une ville côtière. Après quelques heures de marche, il aperçu enfin des habitations. Sans aucune hésitation et sans prendre la précaution de se masquer le visage, le jeune homme s'engouffra dans les rues et ruelles qui s'offraient à lui.
Par le biais des journaux, Darion avait appris que le royaume d'Alabasta était en pleine guerre civile mais il avait beau s'y être préparé mentalement, le choc fut rude. D'emblée, il ressentit la tension qui régnait en ville ; les visages marqués par la souffrance lui sautèrent également aux yeux. Certains bâtiments portaient encore les traces d'une lutte acharnée entre deux groupes de tailles conséquentes.

*Ce pays est devenu fou… Mais qu'est-ce qui se passe ici, bon sang. Pourquoi tout sens commun semble t-il avoir abandonné les gens d'ici ? *

Le royaume d'Alabasta n'offrait plus aucune sécurité pour les voyageurs. Ce constat était d'autant plus vrai pour Darion qu'en plus du risque d'être mêlé à un combat qui n'était pas le sien, deux ennemis de taille habitaient dans le coin : d'un côté, les forces de la marine sous le commandement du vice-amiral Roa Prague et de l'autre la présence du shichibukai Crocodile. Deux groupes qui pourraient avoir envie de demander des comptes au déserteur.

Plongé dans ses pensées, le vagabond avançait toujours dans les rues. Malgré le fait qu'il essayait de se distraire en pensant à la suite probable des évènements, les horreurs de la guerre ne cessaient de l'atteindre, que ce soit les odeurs des bâtiments calcinés où les marques de sabre imprimées dans la pierre ; pire encore, certains murs restaient teintés de sang après cette folie qui avait atteinte les hommes.

Néanmoins, Darion finit par se reconcentrer sur son objectif, il arrêta un passant et lui posa la question qui avait obligé sa venue sur les lieux :

"Bonjour, excusez-moi… Je cherche la caserne qui accueille les forces de la marine du vice-amiral Roa Prague. Pourriez-vous m'indiquer la direction à prendre s'il vous plaît ?"

L'air hagard, le passant répondit d'une voix monocorde. Une fois renseigné, le jeune homme s'empressa de quitter la ville pour se diriger vers la caserne.
Lorsqu'il fut en vue du bâtiment, il plaça sur son visage le mempo destiné à dissimuler ses traits aux yeux de tous.
Il hésitait encore sur la démarche à suivre pour entrer. Il pouvait se faire passer pour un chasseur de prime en quête de renseignement mais la faible réputation de Shosuro ne lui permettrait sans doute pas de rencontrer le vice-amiral. Pire, il risquait de se faire gentiment reconduire à la sortie et si derrière Darion apparaissait, il risquait de brûler son identité alternative qu'il avait eût assez de mal à mettre en place.

Il se décida finalement pour une approche plus discrète et une intrusion dans les bâtiments de la marine. D'un coup d'œil, il étudia la structure qui lui faisait face, à première vue, elle était bâtie selon les plans type d'une caserne de la marine et le vagabond estimait qu'il pourrait se repérer sans trop de problème une fois dans la place.
L'inconnu venait de la fréquence des patrouilles ainsi que de la vigilance des sentinelles, étant donné que le pays était en guerre, Darion se doutait que la sécurité avait dû être renforcée aussi, il pensait devoir prendre le maximum de précautions pour ne pas se faire repérer.